J’erre

Je ne vous suis plus



je ne vous suis plus dévoué je ne vous suis plus fidèle j'erre à ma guise enfin hors des sentiers bénis



j'erre aux confins de ma vie



j'aime aussi



comme je n'ai jamais aimé la ligne courbe du destin le silence des puits



j'erre



malgré tout ce que je dis entre le début et la fin entre vos mains tendues et vos yeux qui se ferment sous le poids de minuit



j'erre



parmi mes oiseaux favoris les herbes fines qui se lèvent au jour dit







j'erre



parmi les pauvres ormes



et les pins dégarnis



sans voir le sapin qui jaunit



j'erre parmi mes amis les meilleurs que pourtant je tiens pour vigies



mais j'erre



j'erre toujours entre vos dires



j'erre pour ne pas mourir

Référence bibliographique

Roland Giguère, « J'erre », Forêt vierge folle, Typo Poésie, 1994, p. 145-146.

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